C'est à un voyage fantastique que je vous convie dans les quelques lignes qui vont suivre. Je me suis embarqué, au cours de l'été 2005, pour un périple qui allait me faire parcourir plus de 6000 kilomètres en voiture en un peu moins de trois semaines. Les paysages merveilleux de l'ouest américain m'ont fasciné et fait rêver depuis ma plus tendre enfance, et il était somme toute logique que je me décide enfin à concrétiser mes rêves de jeunesse.

Après un vol sans encombre et une petite nuit passée sur les banquettes de l'aéroport de Denver, Colorado, je suis arrivé à Jackson Hole, Wyoming, où une voiture de location m'attendait. Jackson Hole est une charmante petite bourgade typique, peut-être un peu trop typique même, idéalement située au pied des montagnes rocheuses. La route menant au Yellowstone vous emmènera de là tout d'abord dans son petit frère, le Grand Teton, et offre des paysages magnifiques d'une nature préservée.

L'immense parc du Yellowstone constituait la première halte indispensable : même si ce passage m'éloignait quelque peu des autres étapes, c'est sans hésitation que j'ai parcouru ces quelques centaines de kilomètres supplémentaires. En effet, je tenais absolument à voir le Grand Prismatic Spring, l'une des images les plus fameuses de l'endroit. Mais le parc du Yellowstone a énormément à vous offrir, et les amoureux de nature, de faune et de flore peuvent sans problème y consacrer une semaine entière et y trouver leur bonheur.

Direction plein sud ensuite pour rejoindre le sud de l'Utah et sa pépinière de merveilles. On trouve en effet dans cette "grande région", qui couvre la partie méridionale de l'état mormon, et s'étend dans le Colorado, le Nouveau Mexique et l'Arizona, une concentration impressionante de parcs naturels, très différents les uns des autres, plus beaux les uns que les autres. Même sans entrer dans ceux-ci, les routes nous font traverser des étendues aux décors grandioses. Les points de vue les plus intéressants sont la plupart du temps indiqués par des panneaux routiers, notamment le long de la Highway 70.

Dans l'ordre de visite, je citerai donc Arches NP, et ses magnifiques formations rocheuses. Tout le monde a déjà vu l'une ou l'autre photo : sa "marque de fabrique" est sans conteste "Delicate Arch", que l'on rejoint après une "promenade" de trois bons quarts d'heure de grimpette sous un soleil de plomb. J'aurais donné une fortune pour une bonne kriek bien fraîche !!!
Le point de chute tout indiqué pour visiter le parc est Moab, très touristique et très animée.

Monument Valley constituait le second "must" de mon parcours. Les paysages sont connus de beaucoup aussi, puisque plusieurs des westerns réalosés par John Ford, dont notamment "La Chevauchée fantastique", avec John Wayne, ont été tournés dans ces somptueux décors naturels. Attention : comme Monument Valley se trouve dans la réserve indienne navajo des Hopis, votre laisser-passer (un maître achat si vous visitez plusieurs parcs et que vous restez un certain temps dans le pays) n'est pas reconnu, et il vous faudra acquitter un droit d'entrée (peu élevé) pour pouvoir découvrir in situ les célèbres buttes. On repère du reste tout de suite les véhicules qui en viennent : ils sont couverts d'une épaisse couche de poussière rouge.
Une autre caractéristique amusante a trait à votre montre : la réserve indienne, bien que située dans l'état de l'Arizona (aligné sur le fuseau horaire "Pacific") s'est calée sur l'heure de l'Utah, qui se trouve dans le fuseau "Mountains", soit en avance d'une heure par rapport au "Pacific". Si bien qu'au cours de la même journée, j'ai changé quatre fois de fuseau horaire : en quittant l'Utah pour entrer en Arizona, en arrivant chez les Hopis, et les quittant pour retrouver l'Arizona, et enfin en revenant en Utah pour établir mon campement du côté de Kanab.

Ensuite, ce fut le Grand Canyon. Je l'ai "attaqué" par la face nord, car cela me permettait de rester du bon côté pour me rendre ensuite au Bryce et au Zion. Dans cette région plutôt chaude, où la couleur dominante est le jaune, le Grand Canyon détonne un peu, ses flancs étant largement boisés. Si vous avez de bons yeux, mais surtout la chance de vous trouver au bon endroit, vous apercevrez peut-être dans le fond du gouffre la rivière Colorado.

Les parcs nationaux de Bryce et Zion sont très différents et méritent bien chacun qu'on leur consacre une journée. A Bryce, dont le nom vient d'Ebeneezer Bryce, le premier mormon à s'y établir, vous verrez de très belles formations naturelles, appelées Hoodoos. N'hésitez surtout pas à descendre pour l'une ou l'autre promenade, vous ne le regrettrez pas : on se croirait dans un parc Disneyland naturel. Il n'y a pas besoin de beaucoup d'imagination pour se retrouver dans le château de la Belle au Bois Dormant.
Quant à Zion, dont le nom fait référence à la cité biblique de Sion, c'est vraiment un paysage de paradis terrestre que vous découvrirez, avec ses montagnes à la végétation luxuriante, abreuvée par la rivière qui le traverse. Prenez le bus jusqu'à Temple of Sinawava (pas de déplacement en voiture privée autorisé dans le parc, si ce n'est entre les entrées est et sud) et faites halte d'arrêt en arrêt pour revenir au point de départ.

Direction ensuite Las Vegas. La vue de la ville dans la vallée, depuis l'autoroute, est impressionante. Vous pourriez même fort bien être accueillis par une escadrille de chasseurs supersoniques, de la base militaire toute proche. L'idéal est d'arriver en fin d'après-midi : il fait encore clair pour circuler, et la ville commence à briller de mille feux. Le spectacle se trouve tout autant dans la rue qu'à l'intérieur des palaces, qui rivalisent d'imagination et de démesure. Rendez-vous dans une salle de jeu et laissez-vous prendre au jeu. Certains casinos vous offriront même 20 ou 50 dollars pour vous essayer aux machines à sous (dépense et gains purement virtuels), d'autres vous offriront des cours pour vous familiariser avec les différents jeux de cartes (en journée), ... Vous trouverez tout à Vegas, même des dés pipés, vendus dans (presque) tous les magasins de souvenirs.

Dernier état de ce périple : la Californie. On y accède en traversant la redoutable Vallée de la Mort. Les températures y sont affolantes. La seule chose qui se trouve sous 0, c'est l'altitude ! Emportez suffisamment d'eau, épargnez votre moteur, et ne quittez pas votre véhicule en cas de pépin.

La première agglomération californienne traversée fut Trona. Je l'ai trouvée particulièrement minable et aurais encore préféré tomber en panne dans le désert que là. Ce ne fut heureusement pas le cas.
Les géants de la forêt, j'ai nommé les séquoias, vous offriront une ombre bienfaisante du haut de leur âge respectable. C'est une promenade véritablement impressionante. Le seul inconvénient est qu'en arrivant ainsi de l'est, il faut contourner entièrement le parc par le sud, car vous aurez beau chercher une entrée de ce côté, vous ne pourrez y pénétrer que du côté ouest. Mieux vaut le savoir.

Le Yosemite est grandiose aussi. On est loin ici des étendues désertiques rencontrées précédemment : on se retrouve dans un univers montagneux. Le Half Dome m'a particulièrement marqué, sorte de demi-bloc massif rocheux pelé, posé là au milieu des montagnes. La flore, et surtout la faune, sont aussi au rendez-vous : on vous conseillera d'enfermer nourriture, crème à raser, parfum, ... bref tout ce dont l'odeur pourrait attirer les ours, dans des boîtes métalliques hermétiquement fermées : en effet, ce n'est pas une portière de voiture qui arrêterait bien longtemps ces plantigrades. On en compte chaque année des dizaines arrachées dans ce seul parc !

Enfin, direction la côte et ses deux métropoles principales : San Francisco et Los Angeles. San Francisco est très agréable, quoique je l'ai trouvée assez frisquette. Il m'a fallu plusieurs fois enfiler mon pull en plein mois d'août. La ville est construite sur des collines abruptes : cela fatiguera vos jambes, mais vous permettra de découvrir des vues étonnantes. Dirigez-vous vers les vieux quartiers de style victorien : on pourrait presque se croire quelque part en Nouvelle Angleterre.

Los Angeles, par contre, m'a fort déçu. Il n'y a rien de bien extraordinaire à voir dans le centre. Si vous optez pour les transports en commun (une sage idée, vu le cauchemard de la circulation, mais bien plus encore du parking), ils ne sont, à mon avis, pas particulièrement bien conçus d'un point de vue touristique. C'est vrai qu'on est quand même au royaume de l'automobile, et l'hypothèse de départ est que tout le monde en dispose d'(au moins) une. Santa Monica pourra cependant vous offrir une journée divertissante : prenez un bain dans le Pacifique, promenez-vous le long de ses palmiers ou sur la jetée en attendant le coucher du soleil. En soirée, les magasins proches de la plage (plus ou moins quatre rues complètes) restent ouverts tard et il y a assez bien d'animation. N'oubliez pas non plus d'aller vous promener sur Hollywood Boulevard, à la recherche de vos stars favorites.

C'est ainsi que prend fin ce premier séjour mémorable dans l'ouest américain. "Premier", car cette expérience en appelle d'autres : il y a encore tant de choses à voir, tant de merveilles à découvrir que se contenter d'un seul passage me semble légèrement court.
Je suis venu, j'ai vu, et je reviendrai !

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