Russie

Russie
  • Capitale : Moscou

  • Monnaie : rouble

  • Superficie : 17 074 000 kms2

  • Principales villes : St Pétersbourg, Vladivostok, Mourmansk, Arkhangelsk, Gorki, Yekaterinburg


"La Place Rouge était vide. Devant moi marchait Nathalie. Elle avait un joli nom, mon guide, Nathalie. Nathalie."

Tout le monde s'est un jour surpris à fredonner cette belle chanson de Gilbert Bécaud, s'imaginant arpentant les pavés de la Place Rouge, dans les pas d'une charmante Nathalie...
Le château de Petrodvorets près de St Pétersbourg
La Russie est un pays étonnant, passionnant, et à certains égards, fascinants.
J'ai eu la chance de la visiter (pas entièrement, malheureusement) deux fois de l'intérieur, c'est-à-dire accompagné de "locaux". Quelle que soit la destination, c'est de toute manière le meilleur moyen de découvrir de nouveaux horizons, mais c'est particulièrement vrai pour la Russie.

Avant toute chose, le meilleur conseil à donner à ceux qui désirent se rendre là-bas est de se préparer. Le choc, ou plutôt le décalage culturel s'impose rapidement à vous une fois arrivé. C'est que la Russie, il faut pouvoir l'apprivoiser. Et elle ne se laisse pas faire facilement, et en tout cas pas par tout le monde.

Ne fût-ce qu'avant même d'y entrer, il y aura pas mal de démarches administratives à effectuer. Il vous faudra notamment obtenir passeport, visa et assurance officielle reconnue. Et puis il s'avère aussi rapidement très utile de connaître, d'apprendre, ou à tout le moins de se familiariser avec l'alphabet cyrillique. Vous ne trouverez en effet sur place aucune indication en caractères latins. La Russie ne s'est pas encore, depuis la fin de l'ère communiste, totalement ouverte sur le reste du monde. D'ailleurs avec un territoire et une population comme les siens, elle pourrait être tentée de croire qu'elle n'en a pas besoin. Vous rencontrerez des étrangers, mais rien n'est fait pour eux. Le seul avantage est que les policiers vous laisseront tranquille. Plus par défaut de pouvoir communiquer avec vous que par bonne volonté. Il m'est arrivé ainsi une fois ou deux d'être interpellé en rue par des agents, mais ne parlant pas russe et eux pas anglais, les policiers m'ont fait signe d'aller, sans investigation plus approfondie ("passeport" est cependant un mot international). Le revers de la médaille d'un tel état de fait est évidemment qu'il vaut mieux ne pas se trouver dans une situation qui réclame le concours de leurs services...

Il est un fait que peu de Russes parlent l'une ou l'autre langue étrangère, que ce soit l'anglais, l'allemand ou le français, et ce même, voire a fortiori, parmi les jeunes ou les étudiants. Il est dès lors de bon ton de connaître sur place des gens de confiance.

La Russie est un pays de contrastes. Le meilleur y côtoie le pire, mais rien n'est jamais ni totalement bon, ni complètement mauvais. Cela dépend simplement du cas en question et de quel côté de la barrière vous vous trouvez. Un art dialectique que les nationaux maîtrisent à la perfection.
Tout semble à première vue permis, mais à y regarder de plus près, tout est contrôlé (sans entrer ici dans les détails de qui contrôle...). Sauf peut-être les impôts, auxquels il est apparemment assez facile d'échapper.

Le Kremlin à MoscouContraste disions-nous... Moscou est ainsi une immense mégalopole très moderne de plus de dix millions d'habitants, où tentent de se côtoyer toutes les classes sociales imaginables, du vagabond au nouveau riche, qu'il soit héritier de l'ancienne classe dirigeante ou ait pu tirer profit au mieux de la libéraliseralisation quelque peu "sauvage" qui a suivi l'effondrement du communisme. A ces cités millionaires fait face la campagne russe, essentiellement pauvre et agricole, que cherchent à fuir ceux qu'éblouissent les lumières étincelantes des villes. Quel avenir peuvent ainsi espérer ces jeunes campagnards, attirés par le strass et les paillettes que leur font miroiter quotidiennement les chaînes de télévision et les séries étrangères ? Elles ne font que leur refléter leur propre situation miséreuse.
Nombreuses sont donc les maisons et les propriétés laissées à l'abandon dans les villages, leurs propriétaires étant partis tenter leur chance en quête d'un avenir meilleur. Il n'est pas rare de les rencontrer en ville, courageux et volontaires, qui cumulent les petits boulots et les heures de travail pour un salaire pas mirobolant, afin de subvenir aux besoins des leurs. Les Russes ont ainsi une conscience très marquée de leurs obligations familiales. De plus, ils savent très bien ce qu'ils veulent, et ils l'auront. Et les filles, si elles ne s'en sortent pas, pourront toujours, pour les plus mignonnes d'entre elles, faire commerce de leurs charmes.

C'est vrai qu'elles sont jolies, les jeunes filles de là-bas. Conscientes aussi de ce qu'implique leur statut de femme, dans une société encore fort machiste, hésitante entre tradition et modernité. Quoi qu'on puisse en dire, les Russes restent attachés à leurs valeurs, même si de nouvelles tentations font petit à petit leur place dans la société. Panier de PâquesLa religion, par exemple, en est un exemple vivant : la foi n'a pas quitté le peuple, même pendant les périodes les plus sombres de l'Histoire. Ce peuple qui vient de reconstruire à Moscou sa grandiose cathédrale du Christ Sauveur, à son endroit originel, à deux pas de la Place Rouge. Les églises font encore le plein, notamment au cours des grandes fêtes religieuses (célébrées selon le calendrier orthodoxe, qui diffère légèrement de notre calendrien grégorien).
Il est surprenant de voir ainsi, la veille de Pâques, les fidèles, essentiellement des femmes, les hommes étant au travail, se rendre près de leur église portant sous le bras un panier garni de diverses victuailles, que le prêtre est chargé de bénir. Cette nourriture est la première qu'il faut manger le jour de la résurrection. Que dire aussi de ces rassemblements de gens dans les lieux sacrés (comme par exemple le monastère de Saint Serge ["Zagorsk" ou "Sergiev Posad" en russe] , à plus ou moins 80 kilomètres de Moscou) pour ces cérémonies, qui durent plusieurs heures ! Mais à côté de ces témoignages de foi, il n'est pas rare, en se promenant un dimanche après-midi dans les rues de Moscou, de voir les ouvriers travailler sur tous les chantiers immobiliers !

Et il y en a des chantiers. C'est comme si toute une ville était en construction. Cela pousse partout. Il semble en effet qu'il y a tant à faire dans un pays en plein renouveau. Tout est à faire. Il est très fréquent de voir la technologie la plus sophistiquée voisiner avec les vestiges du passé glorieux. Car celui-ci est riche. Et même si ce n'est pas nécessairement l'image qu'elle donne d'elle-même, la Russie est un pays d'artistes. Les Russes aiment les arts, essentiellement la musique. L'Ermitage de Saint Pétersbourg dispose de collections à faire pâlir d'envie tout amateur. Il faudrait des mois pour le visiter. A Moscou, il faut mentionner la galerie Tetriakov ou le musée Pushkine. Et puis n'oublions pas les artistes eux-mêmes: Stravinsky, Chostakovitch, Dostoïevsky, Soljenitsyne, Pasternak, Pushkine, Boulgakov, Maïakovski, Tchekov, Eisenstein, ... Le métro est aussi une oeuvre d'art. De style plus révolutionnaire certes, mais c'est aussi la plus accessible. Les tarifs d'entrée aux musées sont en effet fortement différenciés entre les nationaux et les étrangers !

Et si vous désirez vous rendre dans la ville d'art russe par excellence, à savoir Saint Pétersbourg, prenez votre mal en patience. Le trajet depuis Moscou prend à peu près une journée (ou une nuit par le train), et le paysage n'est guère varié. La monotonie est cependant fréquemment interrompue par les patrouilles de police qui contrôlent très souvent la vitesse des véhicules, et auxquelles il est impossible d'échapper. Mais les tarifs pour excès de vitesse sont loin d'être prohibitifs.
Mais cela vaut la peine d'avoir consenti tous ces efforts. Saint Pétersbourg est une jeune cité (construite en 1703 par Pierre le Grand), d'inspiration très occidentale. On y retrouve Versailles, Venise, ... Sauf au niveau de la propreté (rien à voir avec Moscou, beaucoup plus propre que la plupart des capitales occidentales). On en repart quand même avec des souvenirs grandioses. A ne pas oublier non plus dans les environs, Pushkine (qui s'est rebaptisé du nom de son illustre citoyen) et Petrodvorets (le château de Pierre). Moscou n'offre certainement pas cette diversité ni cette richesse culturelles. Moscou donne plutôt une impression austère, avec ses immenses bâtiments (Ministère des Affaires Etrangères, hôtel Ukraine, Université Lemonossov, ...), bâtis chacun sur une colline de la ville. A mon sens, c'est la nuit qu'elle se révèle la plus belle, lorsque l'obscurité en cache les imperfections et qu'elle s'illumine de mille feux.

Le candidat à un voyage en Russie doit aimer partir à la découverte et ne pas craindre le dépaysement pour faire un beau et inoubliable voyage. Et pour en profiter pleinement, il faut oser gratter un peu sous l'épaisse carapace dont s'entourent volontiers les Russes pour protéger leur chaleur intérieure des rigueurs de leur environnement, quel qu'il soit. On ne manquera pas alors de découvrir leur gentillesse, leur amabilité, leur disponibilité et leur hospitalité.

[Entrée]